Les tumeurs primitives de la cornée sont exceptionnelles. En effet, on observe plus fréquemment des tumeurs cornéennes secondaires à l'extension d'une tumeur conjonctivale, en particulier limbique. Les tumeurs cornéennes, classées comme les tumeurs conjonctivales, correspondent à des lésions congénitales et acquises. Les tumeurs du stroma sont les plus rares et bénignes. Les plus fréquentes sont les néoplasies intra-épithéliales et les carcinomes épidermoïdes. Les tumeurs pigmentées sont les nævi et les mélanomes. Le traitement des tumeurs malignes nécessite une excision complète et peut imposer une kératoplastie. Différents traitements topiques (mitomycine C et interféron-alpha B2) peuvent être utilisés dans les lésions de néoplasie intraépithéliale.
Kantelip B., Montard R., Delbosc B. Tumeurs primitives de la cornée. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-205-A-10, 2008.
Les tumeurs conjonctivales : L’utilisation de membrane amniotique a constitué un progrès notable pour la prise en charge chirurgicale des patients. Elle permet une exérèse large avec reconstruction immédiate et évite le prélèvement d’auto -greffes sur l’œil sain.
Desjardins L. Les nouveautés thérapeutiques en oncologie oculaire. Les Cahiers d'Ophtalmologie 2011;n°149:28-31.
UTILISATION DES GREFFES :
Comme pour les tumeurs, la reconstruction (lorsque l’on a décidé de faire une greffe) peut se faire par greffe conjonctivale ou greffe amniotique cryoconservée ou lyophilisée.
La greffe conjonctivale est de moins en moins utilisée car limitée par la taille du défect dans le cadre de la prise du greffon sur le même œil. Les lésions étant souvent bilatérales, il n’est pas toujours possible de prendre un greffon controlatéral.
La reconstruction du défect conjonctival se fera après avoir changé les instruments et les gants dans les lésions pigmentées où l’on redoute un mélanome.
La reconstruction du défect peut se faire lors des petites lésions limbiques par rapprochement tissulaire en faisant une auto-greffe conjonctivale de glissement. Pour les tumeurs plus volumineuses la reconstruction pourra se faire par greffe conjonctivale ou greffe amniotique cryoconservée ou lyophilisée voire dans le futur des greffes scléro-amniotiques lyophilisés.
La greffe conjonctivale est de moins en moins utilisée car souvent limitée par la taille du défect. L’objectif est de préserver au maximum l’état de l’œil controlatéral et d’éviter une dissémination de cellules tumorales à distance.
La greffe amniotique cryoconservée a l’avantage de pouvoir être utilisé pour la reconstruction de grande surface, mais se posent les problèmes de son stockage et de sa conservation. De plus elle oblige à anticiper son utilisation et reste de manipulation délicate.
Les premières greffes amniotiques lyophilisés simples ont apporté leur facilité de stockage, de conservation et de disponibilité. Mais leur utilisation dans le cadre des tumeurs conjonctivales n’était pas assez satisfaisante même en les doublant ou triplant. L’apparition de nouvelles membranes amniotiques lyophilisées épaisses est venue réparer ces inconvénients. Celles-ci comportent une troisième couche spongieuse créant un apport en épaisseur qui renforce la solidité du matériau et facilite ainsi les manipulations. Cette troisième couche est constituée de protéoglycanes et collagène lâche qui facilitent la régénération des tissus conjonctifs et produit une cicatrisation plus efficace résistant aux éventuels traitements complémentaires tels que la chimiothérapie locale et la radiothérapie.
La greffe doit être fixée au limbe mais dans ces cas-là on peut avoir des lâchages de suture lors de la rétraction du greffon, si la tumeur atteint la cornée il est souvent préférable de recouvrir une partie de la cornée en pont en mettant une lentille pansement le temps de la cicatrisation.
A la suite de l’exérèse de la tumeur, il est possible de pratiquer une greffe de membrane amniotique Visio Amtrix® spongieuse ou standard en multicouches.
Découper la membrane amniotique à la taille de l'excision